C’est une bonne nouvelle globale pour tout ceux qui craignaient l’aviation bashing. Un récent rapport de Paul Chiambaretto, directeur de la chaire Pégase et professeur à la Montpellier Business School, s’est attaché à étudier les relations entre la génération Z et le transport aérien. Après les interventions de Greta Thunberg, il est apparu important pour le chercheur de mesurer quelques sortes l’impact de la jeune indignée sur ceux qui sont nés entre 1998 et 2007. Faut-il s’attendre à un « flygskam » des Gen Z ? C’est-à-dire la honte de prendre l’avion. C’est une étude importante, car ce sont les usagers du transport aérien de demain et sans doute environ 30 % de la population mondiale. Ils formeront durant la prochaine décennie, 450 millions de passagers potentiels, devant la génération des millennials (née entre 1980 et 1999, la génération Y).
Aujourd’hui, ils contribuent déjà à 7,5 % de la consommation mondiale. D’ici 2030, ils représenteront un tiers de la population active en France (26 %). Et leurs revenus seront multipliés par neuf au cours des dix années à venir, passant de 25 milliards en 2019 à 213 milliards en 2030. Comme on pouvait s’y attendre, cette « Gen Z » est fortement préoccupée par les enjeux environnementaux : l’étude précise que c’est une génération « militante » consciente des problèmes sociétaux, économiques et écologiques. En 2019, l’écologie était déjà leur première préoccupation avant le chômage et l’immigration.
Une des surprises du rapport est que, malgré cette sensibilisation, les jeunes de cette génération ne modifient pas leur comportement de consommation et notamment à l’égard du transport aérien. Autrement dit, leur appétence pour le voyage n’est pas impactée. Cette absence d’alignement entre les préoccupations et les écogestes concrets éloigne pour un temps le risque de « flygskam » pour ces jeunes. Les Millennials sont, eux, nettement plus sensibles à l’intégration de la protection de l’environnement dans leurs comportements de consommation. En fait, les 17-24 ans sont en net retrait par rapport à la population globale (celle mesurée dans l’étude) concernant plusieurs types écogestes. Concernant l’usage de l’aérien, il y a un résultat est également étonnant : la génération Z est celle qui utilise le plus l’avion (64 %) pour se déplacer, devant la voiture et très loin devant le train. Cela va donc à l’encontre des idées reçues qui laissent penser que les jeunes arbitrent entre leur désir de voyager et la protection de la planète.
L’arbitrage pour le choix de l’aérien s’établit selon trois critères principaux : le coût, le temps de trajet et la simplicité du trajet. Mais pour des voyages de plus de 1000 km, c’est l’avion qui arrive encore en tête, devant le train et la voiture, si on regroupe Millennials et Gen Z. Les jeunes ne changent pas réellement leur façon de voyager, mais ils mettent en place sur leurs destinations, par exemple, des stratégies de gestions des déchets, de la consommation locale, des transports locaux plus responsables… Ils peuvent également payer plus cher des billets. Grâce à cette substitution, la Gen Z se déculpabilise. D’ailleurs, parmi les motifs de non-consommation, on trouve d’abord une absence de besoins ou envies (69 %). Ensuite arrive une question de moyens financiers (57 %). La troisième raison est seulement d’ordre environnemental (44 %) avec l’utilisation de moyens de transport alternatifs.
Enfin, dernier détail important : parmi une liste de critères sur le choix d’une compagnie aérienne (proposés par l’étude), le premier concerne le prix du billet. Celui de la performance environnementale de la compagnie aérienne n’arrive qu’en 7e position dans le choix des « Gen Z ». la principale conclusion à tirer est que la désaffection supposée des jeunes pour l’aérien n’est pas avérée ; elle n’est donc pas encore une menace.
Le niveau de stress sous-jacent de toute cette génération provoque des comportements hédonistes où le clan, la famille ont toute leur place. Cette posture vers le plaisir (de se retrouver) prend le pas sur les changements de comportement et de « consommation » de transport aérien que leur conscience écologique devrait leur dicter. Et tout cela est plutôt une bonne nouvelle.